La Liberté ou la Mort

La Liberté ou la Mort

Le couperet est tombé dimanche : il n’y aura pas de grâce collective à l’occasion de la fête nationale. Fidèle à son engagement de fermeté, le président Sarkozy a rompu avec la tradition des grâces présidentielles du 14 juillet, une indulgence héritée du temps des rois de France, qu’il juge incompatible avec le fonctionnement d’une démocratie moderne. Les 3000 détenus prévus par le décret qu’il a refusé de signer devront s’en remettre aux aménagements de peine d’usage, s’ils peuvent y prétendre. Deux arguments avancés par le chef de l’État : le droit de grâce n’a pas pour objet de gérer les prisons et la Justice réclame à corps et à cris son indépendance, en vertu de la séparation des pouvoirs. Il y a actuellement 51.000 places en prison et 61.000 personnes incarcérées, et si la surpopulation carcérale est moins grave qu’à la veille du plan Chalandon après l’été 1986, elle ne cesse de croître en fonction d’une attitude plus répressive que pendant les années 80’. L’annonce a fait l’effet d’une bombe dans les prisons françaises, et des mutineries ont été au bord d’éclater en début de semaine. Pour autant, la question n’est pas écartée, elle est abordée lors de la réunion où le chef de l’État prendra la parole à Épinal ce soir. Son actualité fut également l’occasion pour Rachida Dati pour lancer un travail de réflexion qui se traduira par un projet de loi à l’automne pour améliorer le fonctionnement des prisons pour les détenus comme pour les personnels et traduire en droit français les règles pénitentiaires européennes.

Qui veut porter un œil serein sur la prison ?
En France, on ne veut pas savoir si ça pullule
Ou si au moins, la vie est possible en cellule…
Loin des regards, l’oubli fait place à la raison.

Car les hauts murs ne sont pas ceux de la maison :
Par la lucarne, on ne voit pas de libellule,
Le temps qui fond ne fait pas passer la pilule,
Au placard, tous les jours c’est la morte-saison.

Nous avons transgressé la loi, on nous enferme,
À tous les coups, la porte à nos espoirs se ferme
Sans qu’on puisse apporter rien de plus qu’un remords.

Pourtant, si des efforts sont faits dans ce domaine,
Les gens qu’on prive ici de liberté sont morts,
Jamais la détention ne saurait être humaine…

 


Lire le discours de Rachida Dati sur la future loi pénitentiaire.