Rachida Dati fait son Discours de la Méthode

Rachida Dati fait son Discours de la Méthode

Tout comme Valérie Pécresse avec son projet de loi sur l’autonomie des universités, Rachida Dati a dû reculer sur sa réforme de la carte judiciaire : je tiens à démentir formellement toutes les informations qui ont pu circuler quant à un schéma préétabli qui serait dès aujourd’hui imposé aux différents acteurs concernés par cette réforme ; aucune décision ne sera prise aujourd’hui, aucune décision ne sera prise sans concertation, a-t-elle assuré devant le comité consultatif mercredi. Cette intervention était faite au moment où quelque 300 professionnels de la Justice manifestaient à Pau, par crainte de la suppression de la cour d’appel de la ville. Environ 90 tribunaux et une douzaine de cours d’appel devraient disparaître avec la refonte d’une organisation qui date de 1958. Le ministre avait parlé vendredi d’une mise en place progressive à partir du 1er janvier 2008, mais elle a dû faire face à un mouvement de protestation spontané dans plusieurs juridictions. La proximité de la justice, ce n’est pas forcément le fait d’être jugé à côté de chez soi ; si le citoyen sait qu’il peut avoir une justice de qualité, rapide et efficace, peu lui importe de faire plusieurs kilomètres, a-t-elle fait valoir la semaine dernière. En ce qui concerne les magistrats, fonctionnaires, le problème est moins crucial que pour tous les professionnels qui exercent une profession civile, comme les avocats. La plupart sont mécontents des honoraires que leur rapportent les commissions d’office, et se voient mal en plus de devoir effectuer de plus longs trajets pour défendre leur clientèle. Le président d’un syndicat de magistrats n’a pas envie de s’en laisser conter : nous savons ce qu’est la "concertation à la française", par laquelle on réunit des gens pour leur annoncer que tout est déjà prévu.

Par quel bout faut-il prendre un corps social pantois ?
Le chef d’État d’abord sur son succès parie,
Mais rien ne va comme il se doit dans l’écurie
Qui se démène et fait au mieux dans son patois.

Le peuple a vu la scène avec un air matois,
Très vite il rue, et il le met au bain-marie
On sait qu’après, c’est au tour de la plaidoirie
Les gens qu’on a mépris sont assez discourtois !

Ainsi le sont aussi chez nous les gens de robe,
La foi ne fait pas loi et à moins qu’on l’enrobe
Avec des ronds de jambe, on n’y parviendra pas…

Quant au ministre, on peut toujours faire un échange,
Mais ce qui compte est bien d’avancer pas à pas
Pour avancer quand même, et il faut que ça change.

 

Réforme Dati : les avocats protestent