Le conseil des ministres a entériné mercredi les décrets d’attribution qui fixent les champs de compétence et les limites de responsabilités des 15 membres du cabinet Fillon. C’était d’autant plus nécessaire qu’il y a la volonté d’insuffler une nouvelle dynamique en créant ces grands secteurs et en mettant ensemble des forces qui ne l’étaient pas ou de manière beaucoup moins évidente jusque-là, nous a expliqué Christine Albanel, porte-parole du gouvernement. C’était d’autant plus urgent après le désaveu apporté mardi par Nicolas Sarkozy à l’exégèse présentée ces derniers jours par le ministre des Comptes publics, Éric Wœrth, au sujet du crédit d’impôt sur les emprunts immobiliers. Le bouleversement apporté aux attributions ministérielles par le chef de l’État tout juste élu a très vite engendré un malaise au sein de la haute administration. Ainsi Brice Hortefeux le 18 mai, qui assistait mal à son aise à la passation de pouvoir de François Baroin sur le perron d’un ministère de l’Intérieur scindé en deux, ne trouva-t-il pas sa place… D’ailleurs, à qui un fonctionnaire des douanes, de la Direction de la concurrence et des fraudes vont-ils devoir rendre compte ? Quelles sont les missions que les 15 assis à la table du conseil des ministres vont mettre en œuvre ? Évidemment, ça va entraîner des réformes et des bouleversements administratifs ; nous savons tous qu’ils ne sont pas toujours faciles mais l’enjeu en vaut la peine, n’a pas manqué d’accorder le porte-parole sur le perron de l’Élysée. Mais le flou devrait perdurer un moment encore, et les citoyens français vont vraisemblablement continuer de s’étonner de nouvelles cacophonies. Une loi organique est envisagée au terme d’une année de test, et d’ici là, Nicolas Sarkozy aura tout le loisir de remettre de l’ordre au gré des dissensions qui ne manqueront pas d’émerger. C’est pourquoi François Hollande a pu railler l’interventionnisme du président de la République, en s’écriant : il est ministre de tout !