Dream or die, ZEM

Dream or die, ZEM

Quand on est le fils d’un des plus redoutables parrains français, quand on a connu la violence d’un père fou furieux, quand on a subi l’alcoolisme d’une mère incestueuse, comment peut-on se (re)construire ?

Michael Zemour, plus connu aujourd’hui sous le nom de Zem, est devenu musicien pour sortir de l’enfer qu’était devenue sa vie.

Une guitare entre les mains et Zem est transcendé. La plupart de ses chansons sont créés dans l’instant. Ce sont de l’émotion pure. Tout comme lui.

Après son premier album Heavy Durty Burdens paru en 2004 et avant la sortie du deuxième voici Dream or die, un livre à la sensibilité à fleur de mots. Avec une précision de chirurgien esthétique, Zem exorcise ses démons en remontant le temps. Pour pouvoir vivre aujourd’hui entre l’enfer et la musique, Michael ne nous épargne rien.

Rencontre émotion avec un écorché vif à la voix très sensuelle :

Bonjour Zem. Vous êtes un fils de pourtant vous n’avez pas vraiment eu une jeunesse dorée. Est-ce qu’être fils d’un seigneur de la pègre vous a ouvert des portes ?

Mon nom ne me sert à rien sauf si je désire ouvrir un casino. Mais aujourd’hui j’ai choisi d’être musicien et dans le monde de la musique, ZEMOUR ne veut strictement rien dire.

Votre père, Edgar Zemour a été assassiné en 1983, la même année que votre oncle Gilbert. Vous n’avez pas pu assister à son enterrement. Aujourd’hui, vous vous faites appeler Zem. Quelque part, ne reniez-vous pas son nom ?

Vérifiez vos informations car je peux vous garantir que j’étais présent aux deux enterrements. En ce qui concerne mon nom de scène ZEM : ma famille s’appelle ZEMOUR et mes parent m’appelaient par mon prénom. Aujourd’hui, alors que ma famille s’en est partie, il ne me reste que ZEM, que le surnom que me donnaient mes amis d’école.

La première fois que je suis monté sur scène le présentateur m’a demandé quel était mon nom de scène. Je ne voulais pas Michael car c’était réservé à ma famille, alors j’ai dit ZEM.

Excusez-moi si je continue en anglais... *

Je crois que ZEM était l’enfant libéré de la violence de mon éducation. ZEM était l’artiste à qui il était donné quelque chose d’important à faire de sa vie qui dépasse les situations de meurtre, d’emprisonnement, de solitude, d’abandon, de haine, de mal, et de vide spirituel. Quel que soit ce qui est arrivé dans ma vie, j’ai juste ressenti le besoin de créer de la musique que je pouvais donner à ceux qui avaient besoin de quelque chose et qui étaient peut-être trop durs pour le demander. Au-delà de moi, c’est quelque chose qui court en moi mais que je ne possèderai jamais. Je ne fais pas de la musique, c’est la musique qui me fait. La musique m’a toujours donné ce dont j’avais besoin pour que je puisse donner de l’amour à ceux qui ne pouvaient pas en avoir...

Votre livre Dream or die vient de sortir chez Lattès et vous aviez sorti votre premier album en 2004. Peut-on dire que vous êtes définitivement né maintenant ? En quoi ces créations vous ont aidé ?

A utiliser ma vie afin que, peut-être, d’autres puissent croire en le fait de croire …

Vous ne cachez rien ou presque de votre enfance passée au milieu de la violence, de votre passé de drogué, de vos séjours en prison. C’est d’ailleurs dans une prison que vous commencez à jouer. Avez-vous retrouvé toutes les chansons que vous aviez écrites à cette époque ?

Non, ces chansons ont été chantées à l’instinct et elles ont été créées probablement pour les prisonniers qui les écoutaient.

Zem, vous êtes donc un créatif instinctif. Vous êtes capable de saisir votre guitare et d’accoucher d’une chanson dans les minutes qui suivent. Comment avez-vous vécu l’écriture de ce livre ?

Le livre a été écrit en deux ans. Je pouvais seulement écrire quand j’étais capable de me soulager des émotions que je ne pouvais pas ressentir. La plupart du temps, c’était un processus très difficile mais quand la vie vous demande de faire quelque chose…

Vous préparez actuellement votre deuxième album. Certains vous comparent à Jeff Buckley. Qu’en dites-vous ?

Je prends ça comme un compliment mais je crois que si Jeff et moi pouvions nous asseoir au même moment et jouer, vous verriez comme nous sommes différents…

Etes-vous aussi exalté dans la vie que vous pouvez l’être sur scène ou êtes-vous plutôt quelqu’un d’introverti ?

Chaque jour est différent et j’agis souvent sur la base de ce que je ressens ce jour-là. C’est en général très instable.

Allumez-vous toujours une bougie avant d’entrer en scène ? Possédez-vous la foi en quelque chose ?

Oui, j allume toujours une chandelle. J’ai la foi. Je crois que si je peux offrir ce que je n’ai pas reçu, cela existera pour moi.

Zem, je vous remercie d’avoir pris le temps de répondre à mes questions. Je tenais aussi à vous dire que votre livre m’a profondément troublée car certains passages de votre vie m’ont rappelé certains épisodes de ma vie. J’attends avec impatience la sortie prochaine de votre nouvel album. Je vous laisse les mots de la fin, très cher Michael…

Merci à vous. Envoyez-moi votre email et restons en contact. Merci beaucoup…

*Les réponses suivantes ont été traduites en français

Crédits photos Youssef Boudlal

Dream or die, Zem, JC Lattès

Le site de ZEM