Tournez la page Action directe

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Trois anciens militants d’Action directe sont incarcérés depuis vingt ans. Ils sont libérables depuis deux ans. La justice française ne veut pas les laisser sortir…

Nathalie Ménigon, Jean-Marc Rouillan et Georges Cipriani avaient été condamnés en 1987 à perpétuité, avec une peine de sûreté de dix-huit ans, pour les meurtres de René Audran, ingénieur général de l’armement (en 1985), et de Georges Besse, PDG de Renault (en 1986). Des actes commis au nom de la « lutte anti-impérialiste », selon l’expression employée à l’époque. Comme le disait Jean-Marc Rouillan dans un entretien récent accordé au journal Sud Ouest, « La violence est une affaire de moment historique. Il est impossible de séparer notre action de son époque. » Difficile en effet d’ignorer ce qu’étaient les « années de plomb » en Europe dans les années quatre-vingt…
Alors que l’Allemagne vient de libérer Brigitte Mohnhaupt, ancienne militante de la Fraction armée rouge, la France s’acharne sur les trois anciens membres d’Action directe emprisonnés (Joëlle Aubron est morte d’un cancer du cerveau en mars 2006).
Le collectif Ne Laissons pas faire dénonce cet acharnement : « Nous ne sommes plus dans un cadre judiciaire, mais dans un cadre judéo-chrétien dans lequel il faut absolument expier. » L’avocat Christian Etelin regrette que la France soit incapable de tourner la page. Son confrère Jean-Louis Chalanset, avocat de Nathalie Ménigon et de Georges Cipriani, parle même de « vengeance d’Etat ».

Toutes les conditions sont pourtant réunies pour envisager la libération des trois anciens militants d’AD. Les familles Besse et Audran ne s’opposent pas à leur remise en liberté. Les dernières expertises psychiatriques ne révèlent aucun risque de récidive. La réinsertion sociale des incarcérés est également assurée. Georges Cipriani, 54 ans, a obtenu un CAP de pâtisserie. Jean-Marc Rouillan, 54 ans, aura du travail aux éditions Agone où il a publié des livres d’une grande qualité. Quant à Nathalie Ménigon, 52 ans, elle est hémiplégique à la suite de deux accidents vasculaires cérébraux…
Nathalie Ménigon, Jean-Marc Rouillan et Georges Cipriani n’ont jamais connu de conditions de détention « normales ». Pour eux, les peines se sont toujours ajoutées à la peine. Isolement, violences, mesures arbitraires… Et ça continue. Ces personnes ont été jugées et condamnées pour leurs actes. Quelle est cette démocratie où l’on soumet à un régime particulier celles et ceux dont l’idéologie ne convient pas au pouvoir en place ? La demande de regret ou de repentir ne faisait pas partie de leur sanction ! A-t-on demandé à Maurice Papon qu’il se repente de ses crimes contre l’humanité avant sa libération ?

Pour protester contre cette situation inacceptable, un appel circule. Le texte est clair et court. Le voici : « Les prisonniers d’Action directe ont terminé la peine de sûreté de leur condamnation à perpétuité. Pour nous, leur peine est accomplie. Quoi que nous pensions de leurs activités passées, nous demandons leur libération dans les plus brefs délais. »

Parmi les 5000 signataires (écrivains, artistes, avocats, représentants politiques…) : Henri Alleg, Lucie et Raymond Aubrac, Etienne Balibar, Michel Benasayad, Daniel Bensaïd, Jacques Bertin, Bérurier noir, Pierre Carles, Sorj Chalandon, Jean-Louis Comolli, Gérard Delteil, Faujour, Jean-Jacques de Félice, Jean-Luc Einaudi, Armand Gatti, Dominique Grange, Gisèle Halimi, Jacques Higelin, Jolie Môme, Georges Labica, Luz, Roger Martin, Gérard Mordillat, Taslima Nasreen, Michel Onfray, Gilles Perrault, Serge Quadruppani, Oreste Scalzone, Marianne Sergent, Siné, Jean-Marc Stricker, Jacques Tardi, Serge Utge-Royo, Martin Winckler, Jean-Claude Amara, Denis Baupin, Olivier Besancenot, Nicole Borvo, Robert Bret, Annick Coupé, Jean-Pierre Dubois, Charles Hoareau, Jacques Gaillot, Albert Jacquart, Alain Krivine, Arlette Laguiller, Henry Leclerc, Albert Lévy, Alain Lipietz, Henry Malberg, Noël Mamère, Gilles Manceron, Gérard Miller, Maurice Rajsfus, Yves Salesse, Michel Tubiana, Catherine Vieu-Charier…

Pour signer la pétition : http://nlpf.samizdat.net ou par courrier à Défense active 80 rue de Ménilmontant 75020 Paris.