Le Chouchou

Le Chouchou

Celui que le dernier sondage a ravi est forcément François Bayrou, déclaré vainqueur au second tour par l’Ifop avec 52% des voix face à Nicolas Sarkozy et 54% contre Ségolène Royal. Bien sûr, il ne s’agit que d’un sondage, et pour confirmer cette hypothèse, le chef de file de l’UDF doit d’abord se qualifier au premier tour, le 22 avril. Si ses concurrents reculent ou restent stables, et lui progresse, il compte encore la moitié des intentions de vote qu’on attribue au président de l’UMP, soit 16%. C’est la première fois depuis longtemps qu’on a une élection ouverte. C’est la première fois depuis très longtemps qu’une élection va permettre de commencer une nouvelle époque. Les Français ne veulent plus de l’époque précédente, s’est-il réjoui devant les apprentis du centre de Longvic mardi, dans la banlieue de Dijon où il s’apprête à prononcer un discours. Cette popularité qui prend forme, François Bayrou l’attribue à sa démarche anti-partisane, dont les gens comprennent bien la vanité : on a besoin aujourd’hui de travailler ensemble, que vous soyez socialiste ou UMP, vous avez les mêmes problèmes que nous, résolvons-les ensemble. Cela paraît frappé au coin du bon sens, et si cette posture a du succès, elle n’est pas loin de ressembler à celle de son mentor en 1974, à qui l’on a donné le rôle du troisième homme face à François Mitterrand et Jacques Chaban-Delmas, mais qu’un défaut de majorité bien soudée a empêché d’agir de manière efficace, dès l’état de grâce évanoui et la défection de son Premier ministre Jacques Chirac. Cette situation, François Bayrou ne l’ignore pas, mais il pense la dépasser en faisant fi des clivages traditionnels : je ne vais pas uniquement travailler avec ceux qui pensent comme moi, fait-il savoir en pensant à Dominique Strauss-Kahn ou Jean-Louis Borloo. Mais cette idée a-t-elle un sens ?

Il pourrait faire un sort à tous ses concurrents
Si l’on accorde un peu de foi à ces sondages :
Gagnant à tous les coups grâce aux vagabondages
Des électeurs déçus qui ont quitté leurs rangs,

Il donnerait un sens aux espoirs récurrents
Des gens que l’on envoie assez dans les cordages
Lorsqu’on a satisfait à tous les marchandages,
Car c’est ainsi qu’ont fait souvent les conquérants.

S’il fallait aux Français quelqu’un qui les enjôle,
Mais qu’ils pourront mettre au pain sec dans une geôle
C’est lui, d’ailleurs il n’a pas de majorité !

Voilà du pain béni pour un parlementaire
Las de servir un vert ministre au débotté,
Car le chef de l’État ne pourra que se taire !