LES DECROISSANTS OU COMMENT VIVRE AUX « GOURDIFLOTS »

LES DECROISSANTS OU COMMENT VIVRE AUX « GOURDIFLOTS »

Nicolas Hulot n’a de cesse de nous répéter que la planète est en danger et il a raison. A aucun moment il ne faut hésiter à s’engager derrière lui, en signant son pacte écologique, même si son directeur de campagne a été un des plus grand pollueur de notre ciel.

Vivre en polluant moins… c’est possible et c’est l’affaire de chacun d’entre nous. Non seulement nous polluons notre pauvre Terre, mais en plus nous polluons l’héritage que nous allons léguer à nos générations futures et cela de manière irréversible. Nous avons des déchets nucléaires et ménagers pour des millions d’années, sous produits de notre consommation excessive.

Il y a quelques années en arrière, existait un slogan : « Métro, Boulot, Dodo » qui nous assimilait à un peuple de fourmis sans âme. Et notre vie… qu’en faisons-nous ? Nous travaillons pour la gagner (paraît-il !) et la perdons au labeur en la regardant tristement passer ou en se disant : « Vivement la retraite ! » avec ce désir de s’épanouir dans des loisirs ou autres promenades… mais voilà, la maladie et la vieillesse nous guettent en nous empêchant d’aller plus loin que le fauteuil du salon de notre maison… puis arrive déjà l’heure de passer le relais à nos mutants d’enfants qui portent déjà les stigmates de nos abus polluants.

J’ai vécu longtemps à la campagne, avant de perdre mon temps et ma vie à Paris, et je peux affirmer que dans certains coins de France on prend encore le temps de savourer la vie, d’écouter son voisin parler, de l’aider à rentrer son bois pour l’hiver, de se promener la tête en l’air tout en admirant les arbres et les animaux de la forêt, de regarder l’eau couler dans les ruisseaux, de respirer un air moins lourd et de jouer aux cartes avec des copains, le soir venu, autour d’un bon verre de vin et après une copieuse omelette au lard.

Je n’ai pas de télévision, mais il m’arrive de la regarder chez les autres. En fin de semaine, j’ai regardé « On a tout essayé » de Laurent Ruquier et j’ai découvert un homme qui se recommandait des « Décroissants ». Au départ, je me suis dit qu’il s’agissait d’un nouveau ghetto et j’avais raison de le penser.

En fait, ce regroupement de personnes refuse la société de consommation excessive qu’on nous propose… jusque là, la démarche pourrait nous apparaître comme noble. Mais il n’en n’est rien car le discours de ce porte-parole, présent sur le plateau de Ruquier, est très directif et à la limite de l’autoritarisme puisqu’il voudrait nous imposer son mode de vie, en portant atteinte à notre liberté d’être et de penser.

Si je dois me référer à un modèle, pour moins polluer, ce serait plus volontiers en partageant le quotidien du « Glaude » et du « Bombé » dans l’excellent film de Jean Girault « La Soupe aux Choux » d’après le roman de René Fallet, avec mes regrettés Louis de Funès, Jean Carmet et Jacques Villeret.

Combien de fois, mon cher grand frère Daniel et moi-même n’avons-nous pas rêvé de nous retirer dans ce hameau des Gourdiflots, au fin fond du Bourbonnais, pour arrêter un instant ce temps qui passe trop vite en ville, dans cette vie de dingue qui nous étouffe et revenir aux vraies valeurs de l’existence qui consistent à ne pas travailler autre chose que les choux et divers légumes de notre terre nourricière, tout en s’abreuvant du vin de la vigne ainsi que de l’eau fraîche et pure d’un puits qui servirait à teinter notre « perniflard »… tout un bien alléchant programme, puis on prendrait le temps de péter et de roter sous le vent, assis sur un lourd banc de pierre, en regardant les étoiles briller dans la nuit, ou en se racontant nos vies qui sont certainement plus belles et plus riches que celles de nos petits.

Daniel et moi sommes donc « des décroissants », mais jusqu’à ce vendredi 16 février 2007, nous ne le savions pas… et je pense que nul n’est besoin d’aller grossir les rangs d’un mouvement quelconque pour adopter le mode de vie qui nous convient le mieux, sans oublier nos générations à venir.