Le Propre de l’Homme

Le Propre de l'Homme

La 17ème chambre correctionnelle de Paris, qui statue sur les délits de presse a vu défiler mercredi et jeudi tout le gratin politique à la barre, à l’occasion du procès des caricaturesCharlie Hebdo est poursuivi pour injures publiques envers un groupe de personnes en raison de sa religion au fait qu’il a repris en février 2006 des dessins mettant en scène le prophète et ses thuriféraires, publiés à l’origine par le Jyllands Posten au Danemark en septembre de l’année précédente, avant de faire grand bruit dans les pays musulmans. Les parties civiles, la Grande mosquée de Paris et l’Union des organisations islamiques de France, la Ligue islamique mondiale étaient représentées par Me Francis Szpiner, avocat proche de l’Élysée, tandis que Philippe Val, directeur de la publication du périodique incriminé, avait choisi Me Georges Kiejman, l’avocat de François Mitterrand pour le défendre. Du beau linge ! Sont venus témoigner à la barre, outre Fleming Rose, rédacteur en chef des pages culture du confrère danois, François Hollande et François Bayrou, qui ont défendu la liberté de la presse. Me Kiejman a lu mercredi un courrier de soutien surprenant, qui s’est révélé être de la main de Nicolas Sarkozy, plongeant les plaignants dans un profond désarroi. Philippe Val avait parlé d’un procès politique avant l’audience, il ne s’était pas trompé, mais il faut bien remarquer que l’agenda de la campagne électorale a bien servi ses intérêts. Finalement, à l’issue de deux jours où la gravité du préjudice n’a pas permis de conserver la sérénité aux débats, le parquet a demandé jeudi soir la relaxe des iconoclastes.

Voyez l’illustration d’un travers bien français :
Comment laver l’affront de la caricature
Dont on ne peut sans gêne accepter la peinture ?
La coutume est tenace, il faut faire un procès !

La satire a bien sûr tout son sens dans l’excès,
Mais l’invoquer devant la Cour, quelle aventure !
Le rire a retenti jusqu’à la préfecture
Et du problème, on n’a pas pu crever l’abcès.

Témoins de droit, s’y sont pressés les politiques
Dont les défauts font tant pour nos zygomatiques
Pour plaider les vertus d’un délit d’autrefois.

Si le juge a du mal à conserver dans l’axe
Des débats qu’ont voulus les censeurs tant de fois,
Le procureur inquiet a requis la relaxe.