Prisonnier Politique

Prisonnier Politique

La Cour de cassation a débouté José Bové mercredi du recours du jugement de novembre 2005 de la Cour d’appel de Toulouse, pour avoir arraché des plants de maïs transgénique. Les 4 mois de prison qu’il encourt dépendent du ministre de la Justice, puisqu’il revient au procureur général de statuer sur le sort du leader altermondialiste. Il avait invoqué pour son pourvoi un droit constitutionnel, mais la haute juridiction a estimé que la Charte de l’Environnement ne saurait être invoquée, en l’espèce, pour fonder l’existence d’un état de nécessité. Le cas est inédit, puisque José Bové sera peut-être le premier candidat à la magistrature suprême à faire campagne en cellule. On imagine qu’un compromis pourrait être trouvé entre le justiciable et le juge d’application des peines, ou que les lenteurs de l’administration paraîtraient pour une fois bien opportunes, mais l’homme n’a pas l’intention de se dérober : c’est une condamnation politique dans le cadre de la défense de la démocratie, je ne demanderai donc pas d’aménagement de peine a déclaré le chef de file de la Confédération paysanne à la sortie du Palais de justice, en défiant l’État de respecter le verdict : je serai peut-être le premier prisonnier politique qui sera en même temps candidat à l’élection présidentielle. Je ne m’attendais pas à une telle situation. Si je dois y aller, j’assumerai cette responsabilité, je ne me cacherai pas. On imagine le discrédit qui pèserait sur un scrutin si l’un des prétendants aux suffrages était embastillé.

Sa chemise est ouverte et il porte un blouson,
Ce candidat paraît quand même un peu factice
Lorsqu’il sort, débouté du Palais de justice,
Il dit aux reporters qu’il ira en prison !

On sait bien qu’il pourrait rester à la maison
Plutôt que de pourrir dans la sombre bâtisse,
La tête haute, il ne veut pas d’un armistice,
C’est ainsi qu’il entend montrer qu’il a raison.

S’il n’a jamais voulu retourner en cabane
Et se sent mieux, tonnant debout à la scribanne,
Son acte est motivé par la nécessité.

L’attitude est adroite et très politicienne :
Il met en parlant de responsabilité,
L’État au pied du mur pour assumer la sienne.