Interview : Philippe Mollard (le Blog du Chi)

Interview : Philippe Mollard (le Blog du Chi)

Philippe Mollard est un drôle de personnage sympathique mais un peu mégalo et sûr de lui (du moins de son extrême érudition et de la drôlesse de ses propos) qui a eu l’idée originale de faire parler Jacques Chirac, Président de la République, qui a bien des ennuis, au sein d’un Blog satirique garanti sans fautes d’Ortograves.

Ainsi est né le BLOG DU CHI, satirique à souhait, qui est devenu un livre, à part entière, en vente dans les meilleures boucheries politiques. Rencontre avec Monsieur M. 
Mollard était son nom et son crachat littéraire de haute tenue fait du bien à la Démocratie participative (ou non).

1. Alore come ssa filipe molare ile paré ke vou némé pat laid journalists ki fon dé fotes dortaugraves ?

Ouy, lé journalisses qui dize "maltraitance" "illettrisme" et "basé sur" me fon schier. Se çont des blérots ki save pas causé. É je leurre piçe à la ray, dabore !

2. Comment est née cette idée folle d’un jour inventer le Blog du Chi ?

Vu mon grand âge, je me suis surpris à râler tout seul devant ma télé, aux commentaires politiquement corrects de Pépé DA, Mémé DA (Madame Thoreton), Madame Borloo, ou Madame Baroin.
Vu que les rats verts à foie jaune qui m’entourent me l’ont fait acerbement (mais finement) remarquer, j’ai décidé d’aller râler dans mon coin (en pleine grippe aviaire) sur le Net. D’abord pour moi tout seul personnellement moi-même, puis pour quelques copains, et… J’ai donc inventé le personnage du "Chi" : El Libertador del Pueblo Frances, ay ay ay. Un avatar du Président, tel que les français l’imaginent parfois. Je l’ai investi de la mission sacrée de parler aux français sans langue de bois, comme s’il était en train de manger une tête de veau au restaurant en se rinçant la bouche au Gevrey-Chambertin 1995. Et c’est devenu un livre. Qui marche bien, je vous remercie.
Vulgarisation démocrato-démagogique du concept :
Le Chi est le Président de la République virtuel tout droit issu d’un phantasme des français. Il a de fortes racines Corréziennes, il se nourrit de pommes et de tête de veau, il parle fort et franc dans le langage de tous les jours. Ce qui plait en lui c’est son franc parler, son talent de tribun, sa vieille sagesse populaire et la vitesse à laquelle il serre les louches dans la foule.
Ce Président imaginaire a ouvert son Blog afin de soulager la pression inhérente à la charge qui est la sienne, pour se "lâcher" un peu et commenter l’actualité dans une langue sans bois. Plutôt une langue de veau... Sur son Blog, le Chi peut dire tout ce qu’il voudrait livrer aux français, mais que sa conseillère en communication de fille lui interdit. Il analyse les déclarations des uns et des autres, les déforme et les réforme selon sa vision personnelle de la politique française et internationale. C’est sa version du "Monde comme je le vois" du regretté Lionel Jospin... à la sauce gribiche.
Le Blog du Chi n’est pas politique, mais satirique. Il ne fait pas de politique, il en parle. Il ne veut délivrer aucun message, la droite et la gauche sont habillées à parts égales, sans haine et sans crainte. Le Blog du Chi veut simplement faire sourire sur des sujets que les media dramatisent. Il aime choquer un peu, mais toujours sans vraie méchanceté.

3. En quoi Jacques Chirac est un révolutionnaire cubain, est-ce un fantasme de votre part ?

Pour la France profonde, il est le sauveur des masses laborieuses abandonnées, le Petit Père des People, l’Ultime Recours. Bref, l’Image du Père à laquelle se réfèrent les français pour prier pour le salut de leur pouvoir d’achat. Les Rois de France ont légué cette image aux Présidents des Républiques successives (I, II, II, IV et V), et on n’en n’est pas sortis… tous Ségo et Nico confondus…

4. Votre livre est dédicacé à Jacques Chirac, "Président de la République qui a encore bien des soucis", c’est pas un peu fayot ça ? En fait le but de cette aventure bloguesque et livresque n’est-il pas de vous faire remarquer par Jacques Himself et d’être invité dans sa maison présidentielle, de manger des gaufres avec Bernadette... et plus si affinité ?

Vu qu’il a fourni mon sujet et mon personnage, le moins que je pouvais faire était de lui dédier ce premier volume. Le premier exemplaire est d’ailleurs parti à l’Élysée (en franchise postale) avec une lettre d’accompagnement. Je n’en espère aucune renommée. Mais si Jacques et Bernie veulent venir dîner sur le Canal Saint Martin (où j’habite, au dessus du camping), je suis le roi de la tête de veau et je maîtrise la sauce gribiche comme une bête, ce sera donc bien volontiers (en plus, j’ai des Bourgognes somptueux). Toute considération politique mise à part, j’ai beaucoup d’affection pour ce garçon. Qui est - après tout - mon salarié, comme le vôtre.

5. Votre concept c’est d’imaginer que Chirac est un garçon rigolard et vous écrivez ce qu’il n’oserait pas écrire en public à cause de sa fonction... allez ! avouez-le, Chirac vous fascine, c’est votre obsession, vous êtes atteint d’une grave schyzophrénie et ce blog est une thérapie publique ?

C’est vrai que le personnage me fascine. Quelle détermination, quel parcours ! Si je suis schizophrène à son sujet, je ne suis pas sûr d’avoir envie de me soigner. C’est peut-être ça qui m’a conduit au poste de Président (d’une société) que j’occupe. La solitude magnifique du Pouvoir. La Tour d’Ivoire, sculptée dans les défenses des éléphants du P.S.


6. Est-ce que vous espérez que Chirac se représente ? Ca serait bon pour vos affaires non ?

S’il se présente à nouveau il va se faire étendre et je ne le lui souhaite pas. Quant à "mes affaires", la suite est prête… Le volume 2 est déjà écrit à 80%. Il sortira début mars 2007 (je pense à "Da LeChi Code - l’Énigme de l’Élysée"). Et - pour la période "post deuxième tour", nous sortirons le III autour de septembre 2007. Quelque chose comme "Les Mémoires d’Outre-Chi" ou "Moi, j’aurai pas fait comme ça.", dans laquelle Le Chi se fera un plaisir de commenter les actions de son/sa successeur/çeuse (il va se gêner).

7. Vous vous définissez vous-même comme "érudit et effronté", chef d’entreprise et blogonaute, est-ce à dire que vous êtes un homme de droite un peu contrarié par les dérives de votre parti préféré ?

Mon Cher Compatriote, laissez-moi me définir :
Érudit, oui. J’ai le front de me considérer comme cultivé - et pas qu’un peu.
Effronté aussi, car je parle sans haine et sans crainte sur le ton qui me plait, sans céder au politiquement correct.
Je suis effectivement très contrarié par les partis et leurs dérives, mais je ne suis NI de droite NI de gauche. Je n’ai PAS de parti préféré et je vous emmerde défie - à la lecture du livre - de me dire pour qui je vais voter (si vous trouvez, merci de me le dire, ça va m’aider à ne pas aller à la pêche).

8. Si Nicolas gagne vous ouvrez de suite le Blog du Sarkovara ?

J’ai pris mes précausses : en cas de victoire de Nico ou de Ségo, je demande l’asile politique au Vatican. Ça fera plaisir à Manman. T’t’façon les volumes 2 et 3 du Blog du Chi sont quasi prêts… (m’en fous, je les imprimerai à la bouse de yak en Ségolie Extérieure... hin, hin, hin…).

9. Comment peut-on définir votre humour politique vous êtes néo-chansonnier adapté au web ?

Mon "humour politique" est du genre désabusé, "Plus près de Toi mon Vieux - Keep a stiff upper lip - Rions pendant la chimiothérapie".
Néo-chansonnier ? Merci pour l’expression. C’est un excellent concept à re-définir. Depuis les feuilles clandestines sous la royauté, jusqu’à Coluche en passant par Jean Amadou, c’est le symbole d’un contre-pouvoir.

Et - oui - j’ai toujours eu une grosse affection pour les gens qui font ronfler l’humour plutôt que de se plaindre. En plus, j’ai eu une enfance malheureuse : nourrie de Jean Rigaux, jusqu’à Laurent Gerra. C’est vous dire…

Ma devise est anglaise "never explain, never complain". Traduction libre : "on s’en fout de ta sœur, mais lâche-nous le journal télévisé, on mange !".

10. Je vous laisse le mot de la fin cher Philippe !

Je reconnais bien là votre bonté naturelle… Et j’en profite (lâchement) pour m’adresser à Mes Chers Compatriotes : Pensez avec votre tête, ça vous aérera les burnes. Après le 6 mai, il sera trop tard (et avant aussi).

En attendant, foncez torturer votre libraire traitant pour qu’il vous procure le Blog du Chi.

Bien à vous,

Jacques



Le Blog du Chi, Philippe Mollard, La maison du Dictionnaire, 219 pages, 11 euros.

Le Blog du Chi, Philippe Mollard, La maison du Dictionnaire, 219 pages, 11 euros.