Interview de Frédéric Vignale "Les Censurés de la Télé"

Interview de Frédéric Vignale "Les Censurés de la Télé"

Début octobre 2006, notre fondateur bien aimé Frédéric Vignale était invité par l’animateur Stéphane Bern à débattre dans "L’Arène de France" sur France 2. A ce moment-là cependant, bien qu’installé sur le plateau, il ne put enregistrer l’émission car l’invité fil rouge ce soir là, Yann Moix, menaça de partir si Frédéric Vignale comptait parmi les intervenants. Ce dernier quitta l’arène, mais ce n’était que partie remise.

Réinvité par la production de l’émission mi novembre 2006, vous avez pu donc voir Frédéric Vignale aux côtés de Sylvana Lorenz ou Denis Marechal défendre Paris contre la province de la Madeleine de Proust ou Marcel Amont.

Cette aventure a été le déclencheur d’un livre, "Les Censurés de la télé", qui sort dans les librairies le 30 janvier prochain. Un livre qui est à la foi un document, un essai et un ouvrage de témoignages.
Une curiosité qui risque de faire parler d’elle en cette rentrée littéraire de janvier 2007.

1. Bonjour Frédéric. Votre "non-face à face" avec Yann Moix sur le plateau de l’Arène de France il y a quelques semaines à fait les gros titres. Comment analysez-vous cette mésaventure avec le recul ?

Mettons bien au point les choses de suite ; je n’ai aucun problème personnel avec Yann Moix. J’ai, au contraire, été longtemps assez admiratif de ce qu’il faisait au début de sa carrière littéraire (cf : "Jubilation vers le ciel"), j’ai été son webmaster en 2001 et j’aime bien les réalisateurs comiques - même si Claude François n’est pas ma tasse de thé car je suis plutôt de la génération Casimir.

Mais en effet j’ai appris lors de l’enregistrement de "L’Arène de France" sur France 2, présentée par Stéphane Bern en octobre 2006, que Yann Moix n’avait pas apprécié mes critiques de ses dernières "oeuvres" parues sur mon journal Le Mague, ni mon amitié avec son frère Alexandre. Tout cela, bien que tellement anecdotique, a eu pour conséquence de ridiculiser Yann et de me mettre, bien malgré moi, sous les feux de l’actualité. Finalement il y a une justice dans ce milieu. Mais je n’en veux pas à Yann, c’est finalement devenu mon meilleur agent. J’espère seulement que cela lui aura servi de leçon et qu’il réfléchira la prochaine fois qu’il voudra me censurer ou calomnier dans France Soir ou ailleurs.

2. Cet évènement, en soi anodin, vous a depuis offert une large couverture médiatique non ?

Cet incident a eu en effet un effet bénéfique sur ma médiatisation et je m’en félicite.
Certains médias sont assez peu curieux donc parfois, une bonne petite polémique est malheureusement bien plus efficace qu’un vrai travail de fond et de création depuis des années. On peut le regretter mais cela fait partie des règles du jeu de ce système de la société du spectacle. Règles que j’ai acceptées depuis bien longtemps avec une vraie philosophie qui a calmé mes impatiences.

3. La seconde invitation sur l’émission de Stéphane Bern a sonné pour vous comme une revanche ? C’était important, voire primordial, pour vous ?

Pas du tout. La Rédaction de l’Arène de France avait promis de me réinviter et ils ont tenu leur engagement. Ils ont été récompensés puisque l’émission à laquelle j’ai participé a affiché le record d’audience de la saison et j’ai la fatuité de penser que j’y suis pour quelque chose. En tout cas Stéphane Bern et toute son équipe ont été adorables et je ne peux que les remercier pour leur attitude. Bern est un garçon charmant et très gentil, j’aimerais beaucoup travailler avec lui à l’avenir. On formerait un duo remarquable à l’antenne.

4. J’imagine qu’après cet essai transformé cette fois, les réactions ont dû pleuvoir ? Tant bonnes que mauvaises d’ailleurs...

Provoquer des réactions est un exercice que je maîtrise assez bien à force de fréquenter les forums Internet depuis des années. A la télé on est toujours des caricatures de soi-même et la petite lucarne est une loupe grossissante. Les réactions ont été passionnelles et amusantes, c’est une belle aventure médiatique que j’espère renouveler. J’adore les combats oratoires dans les arènes....

5. Le 30 janvier sort "Les Censurés de la télé", une réflexion commune sur la censure dans les médias, après en avoir été victime vous même. Etait-ce pour vous une suite logique à la surexposition dont vous avez bénéficié ?

"Les Censurés de la télé" est un livre qui me ressemble. Ma Censure à moi était assez ridicule et pas bien intéressante mais elle a été un déclencheur, une prise de conscience, cela m’a fait m’intéresser au phénomène. Du coup j’ai enquêté, j’ai interrogé des amis, des artistes, des écrivains et des censurés de la télé et cela donne ce livre hors norme, forcément inégal et inclassable qui mérite qu’on le lise et qu’on le commente.
Je mets au défi quiconque d’y trouver une quelconque agressivité, aigreur ou méchanceté. C’est juste un livre qui pose le débat, qui ne se veut pas exhaustif et ne prétend pas répondre à toutes les questions. Mais une chose est sûre, la censure à la télé et dans les médias est en pleine forme même si elle a muté et pris des formes nouvelles.

6. Les témoignages y sont très hétéroclites. Comme vous l’écrivez, ils vont de A comme Amont (Marcel), à Z comme Zéro (Karl). C’était essentiel pour vous d’offrir une telle diversité d’opinions comme vous le faîtes pour votre journal Le Mague ?

Oui ce livre est très cohérent dans mon travail. C’est comme tout ce que je fais ; un collage humain très surréaliste où l’on retrouve les héros de la télé de mon enfance et adolescence, des personnalités médiatiques pour qui j’ai le plus grand respect (Abiker, Zéro, Delepine...) et de gens intellectuels de la nouvelle génération comme Di Nota ou Pourriol.

7. Avez-vous décidé délibérément de ne pas faire intervenir certaines personnes ?

Oui, car je ne voulais pas faire le catalogue des censurés professionnels de la télé, tels que Dieudonné, Nabe, Soral et les autres. J’ai assez d’ouverture d’esprit pour interroger ces artistes-là sur mon journal, car je pense qu’il ne faut diaboliser personne. Je suis bien capable de faire un jour "Les censurés 2" et là, rien ne dit qu’il n’y aura pas d’interviewés très différents.

8. Au final, Y. Moix, en vous faisant interdire d’antenne, se retrouve en quelques sorte l’instigateur de ce livre. Vous le remerciez d’ailleurs ...

Oui Yann Moix est un vrai porte bonheur dans ma carrière. C’est lui qui m’avait présenté à Dechavanne en 2000, c’est grâce à lui que j’ai rencontré plein de gens épatants comme Casimir, BHL, Arielle Dombasle ,et son frère Alexandre qui est un excellent ami et bien d’autres gens.
Comme je suis quelqu’un de bien et de reconnaissant, il est chaleureusement remercié à la fin du livre. Je ne suis pas un ingrat et il mérite bien un hommage particulier ce cher partouzeur, podiomite et pantéhoniste des lettres.

9. 2007 sera votre année il semblerait. Pouvez-vous nous en donner un petit aperçu ?

Vous savez, je vis au jour le jour, je n’ai aucune autre ambition que de m’amuser, rencontrer des gens, faire des choses différentes. Mais force est de constater que c’est une belle année qui commence, qui va faire de moi le papa d’une seconde petite fille et qui me fera également enfanter des films courts et longs, un disque et mille autres choses tournées vers les autres !!



Lire l’interview de Vignale sur Vox Populi

"Les Censurés de la télé", Frédéric Vignale, Préface de Maître Gilbert Collard, Editions Le Bord de L’eau, 2007

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