L’Amour est mort en Somalie

L'Amour est mort en Somalie

La Somalie est un pays déliquescent depuis l’exil de Siyad Barré en janvier 1991, et même celui-ci n’avait réussi à se maintenir au pouvoir pendant vingt-deux ans qu’en accentuant toujours plus la pression sur la population somalienne. Agrégation de territoires coloniaux disparates, la République de Somalie acquiert son indépendance en 1960, et n’a jamais pu trouver un semblant d’unité que sous l’autorité qu’incarnait le dictateur. Une fois vacant, le pouvoir n’a pu être employé au profit d’aucun clan, et certainement pas au bénéfice de ses habitants. L’anarchie s’est installée durablement, et l’opération militaire à but humanitaire conduite par les Etats-Unis en 1992 sous l’égide de l’ONU, Restore Hope s’est soldée par un échec lamentable. Des tentations séparatistes à l’est, au nord, au sud se fond jour et pour les États arabes qui font face à la corne de l’Afrique, l’Islam apparaît comme un ferment viable pour préserver l’intégrité du pays. En revanche, l’Éthiopie se satisfait de la dégradation permanente de son rival, qui lui assure la prééminence dans la région et un accès plus facile à la mer. En outre, les aspirations pan-somaliennes de Siyad Barré lui ont laissé de mauvais souvenirs. Un Gouvernement fédéral de Transition s’est mis en place avec la bénédiction de la communauté internationale, mais il n’a jamais réussi à s’imposer. Une initiative régionale (IGAD) qui regroupe qui regroupe le Kenya, l’Ouganda, le Soudan, Djibouti, l’Ethiopie, l’Erythrée et le Gouvernement de Transition de Somalie est également mise en œuvre, mais sans plus de succès. La piraterie, les trafics d’armes et des êtres humains, autant que le soutien de la diaspora somalienne (1 million de personnes) sont devenus les principaux revenus du pays, une situation délétère qui finalement favorisé l’action politique et militaire des Tribunaux islamiques dont l’appui de Ben Laden a motivé l’Éthiopie pour engager les hostilités. Sans aucune couverture aérienne, les milices mal entraînées sont battues à plate couture par l’armée éthiopienne qui a bombardé les principaux points stratégiques du pays le jour de noël, et s’apprête désormais à assiéger la capitale, Mogadiscio. Le Conseil de sécurité des Nations Unies, qui s’est réuni mardi et mercredi, n’est pas parvenu à s’accorder, tandis que l’Union africaine, qui siège à Addis Abeba, vient de demander le retrait sans délai des troupes éthiopiennes.

Après quinze ans d’enfer c’est bientôt l’hallali
Dans ce pays qui sombre aussi dans la folie,
La région tout entière a craint une embolie
Et son voisin s’en sert pour un casus belli.

Si dans le monde, on montre un embarras poli
Personne au fond ne voit avec mélancolie
Les fous de dieu enfin subir cette ordalie
Même en sachant très bien que tout est démoli.

Qui sait vraiment pourquoi si mal on se rallie
À cet État qui veut tirer sur la poulie
Mais qu’on retient pour que l’affront soit aboli ?

Toujours, partout, la guerre est une anomalie
Où le génie humain est vite enseveli
Sous sa brutalité, tout comme en Somalie.