Les Preux de la Manche

Les Preux de la Manche

Après dix semaines de mobilisation aux côtés des sans-abri, dont la presse s’est récemment fait l’écho avec une bienveillante sollicitude, les Enfants de don Quichotte ont été reçus mardi, lendemain de noël, par Catherine Vautrin, ministre déléguée à la Cohésion sociale pour évaluer la mobilisation du gouvernement en faveur des Sans Domicile Fixe. La ministre, qui défend l’action publique et déclare à la radio que celle-ci laisse crever les gens dans la rue est faux, rappelle consacrer plus d’un milliard d’euros au problème de l’urgence, mais condamne ces initiatives, qui pourraient paraître généreuses, mais qui sont de la poudre aux yeux et un leurre pour résoudre le problème de l’exclusion. De fait, un sondage publié le 6 décembre a révélé que près d’un Français sur deux (48%) redoute de se retrouver un jour à la rue. Si l’automne a été plutôt clément, avec les premiers frimas surviennent fatalement les drames de l’exclusion. Le 25 décembre, deux animateurs de l’association, Augustin Legrand et Pascal Oumakhlouf avaient entamé une grève de la faim pour obtenir des mesures permettant l’accès de tous à un logement décent, mais ils l’ont arrêté le lendemain matin pour préserver leurs forces. On imagine facilement le danger que cette initiative allait leur faire courir, à rester dehors sans manger, ils avaient trop peu de chances de tenir le coup. La question se pose autant du point de vue de l’offre d’hébergement d’urgence, plus de cent mille places à l’heure actuelle, que de leur qualité. Aucune déclaration n’a été faite à l’issue d’un entretien d’une heure et demie, tant de la part du ministère que de celle de l’association.

Prêter main-forte aux sans-abri est honorable,
Mais se priver en plus d’un toit, de tout confort,
Refuser tout de go d’un repas le renfort
Est très vite une idée à l’issue imparable.

Dehors par tous les temps, on est plus vulnérable
(Un homme est mort la nuit précédente à Belfort),
La vie à tous les vents demande un gros effort
Et puis le moindre écart devient considérable.

Vous allez vers les gens pour partager leur sort,
Mais vous n’avez sur le pavé pas leur ressort
En sachant que la peine est pour vous éphémère.

Pourquoi n’offrez-vous pas dans votre appartement
Le gîte et le couvert à ceux qui l’ont amère
De se voir éconduits toujours bien gentiment ?