Renaud : Rouge Sang, si c’est pas sentimental, mon cul !

Renaud : Rouge Sang, si c'est pas sentimental, mon cul !

Et voici le nouveau Renaud, Rouge Sang. Plus d’alcool, plus de clope, mais plus vieux et ça se ressent. Rouge Sang, avec un titre pareil, on s’attendait à quelque chose de violent, de corrosif. De cet album en rouge et noir et blanc, il ne ressort que des coups de griffes vaguement assénés par un gros matou ronronnant.

« J’ai retrouvé mon flingue » annonce-t-il pourtant, « Ma plume est une arme de poing/ Mes mots sont des grenades ». Et bien, j’attends encore le mot qui tue, la phrase assassine « contre les silences assassins ». Il enfonce juste des portes ouvertes : oui, notre société est pourrie ; oui, des guerres existent encore ; oui, la télévision véhicule des images bourrage de crâne que certains prennent pour argent comptant. Ah bien sûr, Renaud nous parle des fachos (« Elle est facho ») en prenant pour cible une blonde « con comme un veau » «  qui vote Sarko » et qui « dit qu’l’ancien temps était béni ». Est-ce parce qu’il aime une blonde qu’il n’est plus aussi virulent qu’avant ? Où est sa plume acerbe qu’il utilisait dans « Miss Maggie » pour dégommer Margaret Thatcher ?

Il nous dépeint aussi le sort des paysans. Il en a mis du temps pour se rendre compte qu’ils ne connaissaient « Pas de dimanche », le Parisien nanti ! Seulement, lui qui se vante d’admirer le moustachu Bové, il devrait regretter d’avoir écrit dans sa chanson « Quand ils viendront prendre ta ferme fais-leur la peau », le leader de la Confédération paysanne pourrait porter plainte contre lui pour incitation à la violence : un agriculteur a saisi son fusil pour tirer en l’air pendant que José et son équipe, filmés et photographiés sous toutes les coutures, s’étaient introduits sur sa propriété pour y détruire sa récolte de l’année. Bové est relâché et tout fier d’avoir ruiné un paysan (plus de récolte, plus de fric). L’exploitant agricole est en prison pour avoir défendu son bien.

Rouge Sang, Romane Serda, Romane Séchan, Renaud Séchan : même initiales. En fait, cet album n’est ni plus ni moins qu’une déclaration d’amour à une belle, un étalage quasi impudique de l’intimité du chanteur. Il y dévoile même deux chansons, « Les cinq sens » et « Je m’appelle Galilée », à l’érotisme un peu facile, limite cucul, dans lesquelles il clame que sa belle Romane a un joli cul.

Renaud est amoureux et heureux ou heureux et amoureux et cela s’entend. « RS et SR », « Danser à Rome », « Jusqu’à la fin du monde », « Ma blonde », même dans «  Arrêter la clope », il nous parle de Romane son amoureuse. A la longue, c’est saoulant, limite chiant. On imiterait presque Anaïs pour lui crier « Je hais les couples qui me rappellent... ».

Bon, quand l’artiste se fait un poil nostalgique comme dans « Adieu l’enfance » où il évoque le temps qui passe et la petite (Lolita) qui a grandi ou quand il parle de « Nos vieux », j’avoue, je craque un peu. Je craque un peu plus quand il chante « Malone » même si « Morgane de toi » ou « Chanson pour Pierrot » le faisaient mieux.

Rouge Sang, tu parles ! Le renard est devenu gros chat craintif. Si c’est pas sentimental, mon cul !

Crédits photo Richard Dumas

Rouge Sang, Renaud, Virgin Music.

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