Le rendez-vous du badinage artistique...

Le rendez-vous du badinage artistique...

Autant Frédéric Beigbeder est un noctambule un peu léger, un visionnaire politique piteux, un animateur de show télévisuel qui se déprécie lui-même sur le canal pathétique, et souvent un romancier qui se mort la queue ; il faut bien avouer qu’il est un éditeur malin, généreux, un œil à l’affût de ce qui se fait de mieux dans le genre artistique. C’est un grand garçon au menton fier et aux goûts sûrs (sauf lorsqu’il compare Yann Moix à Albert Cohen ou Florian Zeller à François Sagan car ce dernier ne prend aucune drogue) qui, quoi qu’on dise, a intrinsèquement la fibre littéraire et un amour respectueux pour Dame littérature à qui il fait du bien par tous les trous.

La preuve en est, il accueille à bras et oreilles ouverts, les chroniques mélomanes, littéraires et culinaires - car tout est lié chez son auteur, tous ses organes étant dirigés passionnellement par l’épicurisme et l’amour vertigineux de l’art - de Gérard Oberlé, avatar chassignesque de lui-même, fin lettré, bibliophile, voyageur impénitent et impétueux selon les rencontres avec les beautés, où qu’elles se trouvent.

« La vie est un tango » pour Oberlé, vous savez cette danse du sud, très lascive, classieuse et sensuelle à la fois. Ce rythme qui lui correspond si bien à lui l’aérien chronique qui prend possession de l’espace comme personne dans sa nonchalante supériorité de coeur.

Vous n’êtes pas féru de musicalités érudites ou populaires ? Qu’à cela ne tienne, ce livre noir dans sa couverture, rose et arc en ciel dans sa pagination est un hymne à la tolérance gratté sur le beau papier depuis le Morvan dans une chorégraphie douce-amère.

Ces lettres ouvertes à Thierry Beauvert dont nous sommes tous les destinataires doivent bien faire comprendre au lectorat le plus large qui ira à leur rencontre, de l’honneur que l’on nous fait là, avec tant de joliesse et de partage réunis, avec cette délicatesse de tout bon esthète.

Voilà le premier livre qui donne furieusement envie de se brancher par intraveineuse à France-musiques, car si on a pas la chance d’avoir ce bougre d’homme au téléphone d’un coin ou l’autre du monde, sa petite voix chaleureuse doit manquer un peu tout de même après ces lignes offertes comme un banquet baroque...
Oui décidemment, Oberlé est la meilleure publicité qu’on pouvait faire à Radio France, le nouvel ambassadeur jovial de Pierre Bouteiller.

Gérard Oberlé est un passeur, il réunit les univers de la création avec une bonhomie, une énergie et un sens de la formule et de la sensation qui devraient vite faire école.

Vous voilà proclamé par moi-même maître es leçons de choses belles et bonnes mon bon Gérard, au plaisir d’échanger avec vous par le livre ou de quelque autre manière que ce soit !

Prenez ce sens de la philophie de la vie en pleine lecture, ne le rompez jamais, et mieux vivre vous pourrez !

« La vie est un tango », Gérard Oberlé, Flammarion, 355 pages, 17 euros.

« La vie est un tango », Gérard Oberlé, Flammarion, 355 pages, 17 euros.