Le Porno chic de Nekosai
Nekosai se présente comme un photographe fétichiste de la jambe. Il vient de sortir chez "Ragage" un livre de photographies dans la Collection Marges. En réalité, il est bien plus que cela car le champ de ses obsessions visuelles dépasse largement les simples gambettes parfaitement galbées et s’attarde avec talent sur le corps des femmes tout entier dans des mises en scène qui représentent assez bien le terme communément établi de "Porno chic". Les images sont agrémentées avec tact, justesse et professionnalisme d’une préface de la journaliste Agnès Giard qui a bien cerné la personnalité de l’artiste et compris sa démarche intellectuelle, son parti-pris formel.
Qu’elles soient blondes, brunes, platines ou rouges, les femmes de Nekosai portent des bas, des collants, utilisent des Sex Toys et ont invariablement le sexe rasé en des chorégraphies simples et des mouvements suggestifs.
Nekosai toise leurs courbes, leurs chutes de reins, les met en scène dans des moments de masturbation ou d’exhibition intimes, des instants de solitude ou de désir. Les corps de ses déesses modernes libertines, offertes, catins, mutines, se posent et s’exposent dans des décors modernes d’appartements bourgeois à moulures, parés de meubles minimalistes.
Trois couleurs à peine dominent ces lieux qui mettent en valeur, comme un écrin, la nudité des belles tentatrices.
Le rouge très vif, le blanc cassé et un vert pistache uniforme sont la palette de ce peintre à focale. A côté de cela quelques accessoires, des menottes, des lampes, des miroirs, des lits et de la lingerie.
Le Porno chic aime la lumière franche, l’absence de poils, les corps fins et sculptés, les bandeaux noirs sur les yeux et les femmes à la peau lisse et belle sans vergetures, seins trop proéminents, ventres ronds ou disgrâces physiques.
Nekosai se joue des perspectives et des mouvements en mêlant les couleurs primaires, les mailles distendues, les jeux de voile, les peaux nues, les godes, les pinces à linge et autres outils du SM soft le plus harmonieux visuellement.
La moquette rouge est comme un bain de sang trié sur le volet et les femmes font leur danse dans une impudeur totale qui n’est jamais vulgaire ou tendancieuse alors qu’on voit tout, de la vulve ouverte aux fesses écartées par des doigts sûrs de leur geste.
Nekosai est un voyeur qui jouit et s’excite de ses visions parfaites et simples de ces femmes aguicheuses qui font naître et pimentent le désir avec une grâce commune.
Femmes interchangeables à l’érotisme fort, elles hantent nos rêves les plus précieux et les explicites.
Une galerie des plaisirs à posséder dans sa collection de fantasmes sur papiers glacés.