Il faut dire qu’on avait bien ri en lisant Le Chat du rabbin (l’histoire d’un matou philosophe rêvant de faire sa bar-mitsvah, vendu à plus de 450.000 exemplaires).
Et depuis que le succès s’est frotté à sa table de dessin, Joan Sfar ne la lâche plus. Il y est même si accroché qu’il collabore avec tous ses petits camarades de jeu que sont Christophe Blain (Socrate le demi-chien), Lewis Trondheim et tous ses copains.
Car il écrit beaucoup d’histoires ce Sfar. Est-ce une coïncidence si son nom veut dire scribe en hébreu ? Dessinateur et scénariste prolixe, Sfar, du haut de ses 30 ans, a déjà publié ces dix dernières années pas moins de cent cinquante albums. Un vrai ogre.
Les plus jeunes connaîtront de lui Petit Vampire , les grands lèveront le sourcil devant son coup de crayon dans Charlie Hebdo. Surfant sur un double héritage culturel, juif séfarade côté père et juif ashkénaze côté mère, cet ancien titulaire d’une maîtrise de philo et ex-élève des Beaux-Arts de Paris, est resté sous la cape de ses héros d’enfance, avec une tête pleine d’idées et de questions.
Car si Joan Sfar possède un coup de crayon agité, il met également au service de ses bulles une plume éclairée. Ses récits sont d’une fraîcheur égale à sa profondeur. Et c’est à travers des histoires épiques ou burlesques, quotidiennes ou irréelles, qu’on plonge dans la nébuleuse Sfar avec appétit.
Pour son dernier album, La vallée des merveilles : chasseur cueilleur , on peut dire que l’imagination de l’auteur a bouillonné !
Dans la veine d’un Thorgal ou d’un Asterix et Obelix, Sfar nous propose une réflexion ludique sur nos ancêtres les sédentaires, en s’inspirant à la base de sa propre petite famille. Car c’est aussi souvent de lui dont parle Sfar dans ses BD (et quand on s’imagine chasseur de mammouth, on se donne les biscotos qu’il faut !).
On prendra en tout cas beaucoup de plaisir à découvrir une fois de plus son humour naïf tout en se posant des questions plus sérieuses sur les OGM, la fonte des glaces, la canicule, la chasse...en se permettant même un petit clin d’œil à Lovecraft.
Bref, cent pages de gaieté pure pour un carnet intime version happy de Conan le Barbare !