"Lonesome Jim" de Steve Buscemi
A 27 ans, Jim est fauché et contraint de revenir vivre chez papa-maman, dans une petite ville éteinte du Midwest américain. Manque de chance, les travers d’un cocon familial bancal se révèlent bientôt tout aussi navrants que ses propres névroses...
Seule Anika, jeune infirmière rencontrée un soir comme par miracle, semble pouvoir redonner à son existence atone un zeste de fantaisie et de piquant !
Lonesome Jim, une oeuvre de Steve Buscemi
avec : Mary Kay Place, Seymour Cassel, Kevin Corrigan, Rachel Strouse, Casey AFFLECK, Liv Tyler, Jack Rovello, Sarah Strouse, Mark Boone Jr.
L’AVIS DU MAGUE :
"Lonesome Jim" est un petit bijou, issu du cinéma indépendant américain, qui rivalise avec les meilleures comédies anglaises. Tout dans ce long métrage, réalisé par l’acteur-réalisateur Steve Buscemi, est une réussite.
Un casting aux petits oignons, un scénario bien ficelé, de la drôlerie, du cynisme, la dénonciation des maux de la société et un oeil irréprochable, font en effet de ce film un vrai plaisir jubilatoire pour cinéphiles, mais qui peut être aussi apprécié par un très large public.
Un drame fin de siècle plein de poésie et de trouvailles d’écriture du meilleur effet.
Casey Affleck joue à la perfection un jeune dépressif chronique pour qui la vie est une épreuve quotidienne. Obligé de revenir dans la maison familiale pour y retrouver ses parents - une mère lumineuse et forte, un père trop effacé - et un frère encore plus malheureux que lui, Jim retrouve la ville d’Indiana de son enfance et sombre encore plus dans la déprime.
Sa famille s’avère être finalement dans une situation encore plus désastreuse que la sienne, entre un père qui n’arrive pas à assumer ses responsabilité, une mère contrie d’amour qui traite ses enfants comme des bambins de 8 ans et refuse de voir les drames latants.
Ajoutez au tableau son frère Tim, père de deux fillettes, divorcé, qui rate son suicide en se jetant contre un arbre, un oncle exentrique qui fait du trafic de drogue et jette les siens de des tourbillons judiciaires...
Heureusement dans toute cette morosité arrive, de manière incongrue et lamentable, "une éjaculation précoce assez piteuse", une jolie infirmière, fille-mère qui tombe amoureuse de Jim, le solitaire et le raté social, dont le seul métier convenable fut la garde de chiens à New-York.
Excellent film d’auteur parfaitement maîtrisé, "Lonesome Jim" impressionne par sa direction d’acteurs et la qualité de sa dramaturgie.
Le cocasse côtoie le glauque dans une composition admirable de bout en bout.
Liv Tyler, à la beauté pulpeuse, démaquillée, simple, campe la petite perle féminine fleurie de ce film gris et rose.
Se rejouissant d’un rien, trouvant les compliments et la beauté dans les paroles les plus anodines de Jim, elle est l’apparition lumineuse de ce long métrage à voir absolument.
Steve Buscemi fait montre ici d’un grand talent de réalisateur dosant au millimètre chaque scène et plan de "Lonesome Jim", drame moderne apprenant plus sur la société et la jeunesse que bon nombre de rapports de sociologues.
"Lonesome Jim" est une perle de vigueur dans la frénésie de violence et de démagogie des sorties des grands films Hollywoodiens. Jim l’esseulé nous touche et nous confronte à nos propres vies, réussites et échecs.
Beau coup de coeur, qui mérite qu’on s’y attarde, si on avait loupé sa sortie en salles.