"Sacrifice", de Richard Millet & Silvia Seova

"Sacrifice", de Richard Millet & Silvia Seova

"Sacrifice" est un album à quatre mains et quatre yeux mêlés sur l’autel de la déesse Art.

Il est né de la rencontre artistique entre Richard Millet, l’écrivain connu et reconnu, et Silvia Seova, photographe d’origine portugaise, qui dans une belle fraternité créatrice conjuguent leurs talents dans un livre-objet où les œuvres se répondent sur les thèmes récurrents du sacrifice et de la mise à nu.

Dans un petit livre noir et gris d’admirable facture, les éditions de "L’archange Minotaure" présentent cette confrontation singulière entre un livreur de mots à l’écriture fine, délicate, précise et respectueuse de l’autre, et une femme photographe jusqu’au bout de la focale qui toise d’autres femmes, nues, avec une simplicité, une connivence, une efficacité et une proximité envoûtantes qui forcent le respect et l’admiration.

Jamais voyeur ni pervers, ou invité indésirable, le lecteur se balade entre les images et les mots avec un égal bonheur. Il s’agit là d’un vrai travail d’artisans, dans le bon sens du terme, que dévoile cette synergie à deux, dans ce collage texte/argentique. Le rythme est lent, la beauté du CORPS+TEXTE est palpable. La danse commune est enivrante et douce.

L’exposition des duettistes, gravée sur le papier, est admirable dans le sens où chacun s’exprime avec son langage propre, et l’écrivain, même au sommet de son Art et de la pertinence du regard posé sur l’autre, ne tombe pas dans la facilité de raconter la photographie mais lui offre un complément sensitif qui prolonge l’émotion.

Femmes non fardées, non rasées, non épilées, offertes dans leur réalité quotidienne sans recherche formelle excessive, sans esthétisation "marketée" ; des corps de tous les âges, de toutes les tailles, offrant de nombreuses géométries dans l’espace, des désirs en clair/obscur nous racontent des histoires, nous font partager des tranches de vie énigmatiques, des intimités encore non révélées.

"Sacrifice" est une offrande du meilleur goût qui touche au mystique et au fétichisme en les effleurant, un jeu de regards sans accessoires qui donne du sens, qui provoque la réflexion et/ou le désir de chercher à comprendre ce qui se cache entre les silences, qui donne envie de prolonger le voyage en cette cosmogonie ainsi dévoilée.

Un livre rare, précieux, qu’il faut arpenter par toutes ses faces, un beau travail d’éditeur, d’écrivain et de photographe.

Un sacrifice moderne qui ravira toutes les confessions et obédiences, tous les amateurs d’Art. Un sacré travail artistique !

Extrait :

[...] tout désir est funèbre. Désirer c’est vouloir franchir l’eau du miroir, passer outre, se séparer de soi, comme ces femmes le sont l’une de l’autre. Désirables, ces femmes, rêveuses debout par la vertu de flammes allumées dans l’arrière-monde des reflets. Elles en appellent à une eau invisible. On s’attend à la nuit et on est dessaisi devant un corps féminin. La lumière est notre lot, une fois chassés du ventre maternel. La lumière est peutêtre une nuit plus obscure que celle qui achève le jour. Nous sommes nus, et la distance qu’il y a d’un sexe à un autre est plus infranchissable que l’eau de tout miroir [...]


"Sacrifice", de Richard Millet & Silvia Seova, L’archange minotaure, Mars 2006

Le site Internet de la Maison d’édition

Richard Millet est né à Viam, en Corrèze, en 1953. Il vit à Paris. Il a publié plusieurs titres dont Cité perdue, Le cavalier siomois, L’amour mendiant, et récemment, Le goût des femmes laides. Le sentiment de la langue a obtenu le prix de l’Essai de l’Académie française en 1994.

Silvia Seova est née à Caldas da-Rainha, au Portugal, en 1955. Elle vit dans l’Hérault. Photographe indépendante, elle a collaboré à différentes revues et a exposé à Paris et à Rome. Elle prépare un recueil de portraits de peintres, d’écrivains et d’éditeurs au Temps qu’il fait.}

Richard Millet est né à Viam, en Corrèze, en 1953. Il vit à Paris. Il a publié plusieurs titres dont Cité perdue, Le cavalier siomois, L’amour mendiant, et récemment, Le goût des femmes laides. Le sentiment de la langue a obtenu le prix de l’Essai de l’Académie française en 1994.

Silvia Seova est née à Caldas da-Rainha, au Portugal, en 1955. Elle vit dans l’Hérault. Photographe indépendante, elle a collaboré à différentes revues et a exposé à Paris et à Rome. Elle prépare un recueil de portraits de peintres, d’écrivains et d’éditeurs au Temps qu’il fait.}