MA VIE EN L’AIR

MA VIE EN L'AIR

Après le succès de "Là Bas" (Air Libre/Dupuis), le duo de BD et couple dans la vie, Anne Sibran et Didier Tronchet, récidive dans l’adaptation littérature-BD avec un second roman de la Dame : "Ma vie en l’air". Un album très émouvant et beau.

Lisa aime la nature, elle court pieds nus dans l’herbe. La fillette observe les oiseaux et à en tête qu’elle aussi peut voler. C’est depuis un simple muret, que Elsa va prendre ses premiers vols, petit à petit elle va se sentir en apesanteur , elle va battre ses ailes, et se laisse porter au vent.

Mais l’univers sur terre n’est pas si rose et bleu azur. Son père est boucher-charcutier, il voudrait bien que sa fille prenne exemple sur lui ! Il sourit de son métier de sanguinaire, il vit 24 heures sur 24 avec son tablier tâché par le sang animal. Sa soeur est très malade. Elsa a peur, ne sent pas bien dans ce cauchemar. L’oiseau a chuté, et n’est pas soigné comme il le faudrait, elle vit ce côté dramatique par le biais de sa soeur, très malade,une vision de la mort.

Même si elle s’envole de ce nid familial de nouveau, Elsa se retrouve attirer dans la douleur et la souffrance, avec l’éducation au couvent, avec les bonnes soeurs, qui la font passer pour une folle à cause de ce statut d’oiseau imaginaire que se donne Elsa.

Elsa croise Paula, un bien étrange personnage. Lui aussi est un oiseau. Il est son guide pour voler, rejoindre les oiseaux dans le clel.

C’est dans une ambiance sombre et au trait gras, épais noir, où celui-ci déborde sur la couleur, que Tronchet adapte ce roman. L’écriture d’Elsa est enfantine, c’est un journal intime où la souffrance menace à chaque instant l’oiseau Elsa. Au piège de sa famille, de l’église, on perçoit à travers la terreur vécue par la jeune fille, une image de soldats nazi, de tortionnaires, dictature, aucune liberté permise, soumission, torture.

Un univers où même son apprentissage au vol d’oiseau fini mal, la tourmente reigne et difficile d’en échapper. Elsa tient un peu d’Anne Franck, dans un lieu où elle pourra s’évader de ses ailes, mais sans cesse ramenée à terre.
L’écriture d’Anne Sibran, donne encore un rapport à l’enfance, face à la violence, avec déjà "Là Bas", où elle met en scène la guerre d’Algérie, où son père échappe à un attentat à la mitraillette.

Le sang de la boucherie en abondance, et les tortures corporelles et autres punitions infligées par les Soeurs, elle donne à son personnage suffisement de folie, d’imagination, d’espoir, et de plumes pour être l’oiseau, la colombe qui vole vers la paix, le calme, au-delà des mers et des ciels.

Le duo Tronchet-Sibran franchit une nouvelle étape artistique, un brin d’autobiographie et pleine d’émotions, le trait et l’écriture se lient et se mêlent parfaitement au fil de cette tragédie très réussie.

MA VIE EN L’AIR - TRONCHET(dessin) et SIBRAN(texte) - Collection AIR LIBRE - Dupuis

MA VIE EN L’AIR - TRONCHET(dessin) et SIBRAN(texte) - Collection AIR LIBRE - Dupuis