Idées reçues sur le Sport
Gavés de foot, de tennis, de rugby, de vélo... voici un petit livre salutaire qui va vous guérir de votre overdose. On le doit à Michel Caillat, sociologue du sport et membre du Mouvement critique du sport.
« Le sport est éducatif », « Le sport est apolitique », « Le sport favorise l’intégration », « La lutte contre le dopage est une priorité »... Toutes ces foutaises sont disséquées sur 125 pages croustillantes. A tout seigneur, tout honneur, c’est au baron Pierre de Coubertin que Michel Caillat s’attaque pour commencer.
A droite comme à gauche, tout le monde encense l’« humaniste »... sans l’avoir jamais lu. Une étude de ses déclarations sur les femmes, les races, le colonialisme, l’Allemagne nazie vaut pourtant le détour.
Le 16 août 1936, Coubertin clôture les Jeux olympiques de Berlin par ces mots : « Que le peuple allemand et son chef soient remerciés pour ce qu’ils viennent d’accomplir... » Que demande le peuple ? Du pain et des jeux. Oui, mais des jeux virils. « Une olympiade femelle serait inintéressante, inesthétique et incorrecte » affirme le baron sénile. Un point de vue partagé au passage par David Douillet dans son bouquin L’Ame du conquérant...
Au fil des pages, Michel Caillat résume les enjeux politiques et économiques qui hantent le sport et il tue le mythe du sport éducatif et fraternel. George Orwell le constatait déjà à son époque, « Le sport, c’est la guerre sans les coups de feu ». Une guerre qui fait malgré tout pas mal de blessés et, occasionnellement, des morts. Une thèse sur la saison 1980-81 de foot en Rhône-Alpes a recensé 30 000 blessures qui ont occasionné 68 880 jours d’arrêt de travail ! Soit un coût de 1,06 million d’euros d’indemnités journalières et 228 600 euros de frais médicaux. Qui a dit que le sport c’est la santé ? Sans doute pas les bébés champions victimes de traumatismes physiques et moraux. Les champions dopés peuvent aussi compter leurs hernies, leurs arthroses, leurs cancers quand ils ne sombrent pas dans la dépression ou l’alcoolisme.
Bref, le sport n’est pas l’avenir de l’homme. Après la fête illusoire de l’après Mondial 98, vinrent les sifflets contre La Marseillaise lors du match France-Algérie en 2001... Le sport ne guérit pas plus le monde qu’il ne guérit les corps. Par quel miracle serait-il une panacée universelle ? Le sport se nourrit de libéralisme, de sexisme, d’élitisme, de haines chauvines... Jetons le bébé avec l’eau du bain et retrouvons des plaisirs physiques, des jeux, sans vainqueur ni perdant.
Le sport, Michel Caillat, éditions Le Cavalier bleu (collection Idées reçues), 8 euros.
Le sport, Michel Caillat, éditions Le Cavalier bleu (collection Idées reçues), 8 euros.