Critique : "Malou et l’agneau"

Critique : "Malou et l'agneau"

Pascal Françaix aime jouer avec les idées reçues, prendre le contre-pied des situations, provoquer son monde et tirer le meilleur parti du pouvoir omnipotent et omniscient de l’auteur, s’amuser avec les modes de narration et emmener le lecteur dans un univers référentiel délirant et inhabituel, entre la Parodie, le Policier et le plus insolite des romans cyniques. Un ouvrage hors norme, proprement inclassable, qui sort des cadres rigides de la Littérature et qui réjouira le lectorat curieux ayant l’esprit large.

Pascal Françaix (remarqué avec ses excellents « Laide mémoire » publié chez Florent-Massot et "Tamagotchi" chez Flammarion) jongle avec les mots, les bons de préférence, avec une maîtrise particulièrement forte de la gouaille parlée et sa juste retranscription de cette énergie orale dont il est l’inventif créateur.

Doté d’une mémoire photographique et cinématographique, l’auteur écrit en images et en mots dans un style enlevé et plaisant, extrêmement vivant et débridé aussi.
Galerie truculente de personnages atypiques et volontairement décalés, « Malou et l’agneau » est un conte moderne et dégénéré, où les psychopathes un peu demeurés côtoient des femmes corbeaux homosexuelles et des visages d’anges délicieusement futés.

Marie Louise dite « Malou » ou « maloute » n’a rien à voir avec un enfant de choeur, une petite fille sage comme une image, elle a même de bien inquiétantes habitudes et obsessions pour une enfant de son âge.

A 12 ans, deux mois et des broquilles, cette gamine, maline, précoce fait montre d’une intelligence et d’une ingéniosité largement au-dessus de la moyenne, ce qui est une aubaine pour ce récit haut en couleur qui ne laissera personne indifférent.

Malou héberge sous son toit un dangereux psychopathe et prend un malin plaisir à alimenter les lettres anonymes de la très étrange Madame Hortense en informations diverses sur les habitants de la bonne ville de Javel. Cette histoire ne sent guère bon et promet une « fin » riche en rebondissements et en drames !!!

Un livre qu’il convient de défendre tant il devrait hérisser les poils des bien pensants et déboussoler la lectrice ménagère, de moins de cinquante ans, habituée à consommer des ouvrages bien plus politiquement corrects et lisses.

Un sacré bon choix éditorial en tout cas.

A lire sous le couette pour donner des couleurs fantasmagoriques aux longues soirées d’hiver. Auteur à suivre...

Malou et l’agneau, Pascal Françaix, ouvrage publié sous la direction de Renaud Marhic, Editions Terre de brume, 412 pages

Malou et l’agneau, Pascal Françaix, ouvrage publié sous la direction de Renaud Marhic, Editions Terre de brume, 412 pages