Interview : Sarapascal

Interview : Sarapascal

Rencontre avec la voix off et l’homme orchestre de "Sarapascal", sorte d’album expérimental concocté depuis Lille par un bien étrange et énigmatique personnage talentueux prénommé Benoît.
Reçu par voie postale, ce disque rempli le vide sidéral laissé par des productions musicales qui se ressemblent un peu toutes. A écouter, à lire entre les sons, mélodies textuelles abouties, ambiance troublante, lancinantes et précieuses. Sonates du temps présents ayant rendez-vous avec la plus belle des modernités.

1. Bonjour Sarapascal, à la première écoute de votre album éponyme on ressent une forte empreinte de la littérature non ?

J’ai parfois cherché mes mots. Je les ai trouvé chez d’autres. Parfois mot à mot comme je les cherchais.... Les textes empruntés, je les ai rencontré systématiquement à l’instant où je les guettais. Je n’aurais pas su ou n’arrivais pas à les écrire en y retrouvant l’exact ressenti que m’ont procuré la découverte de ces textes. Alors pourquoi ne pas en jouir ? Je me (re)cherchais. Je m’y suis (re)trouvé.
Rares instants. Précieux. C’est intime, un texte.
L’empreinte littéraire est surement conséquente à ces auteurs. A leurs dimensions.

2. Comment vous est venue l’idée fort bien menée d’une sorte de voix off parlée qui fonctionnerait comme un leitmotiv troublant sur cet album ?

Parceque je l’ai pensé en image. Comme une voix cinématographique. Une voix off de narrateur. c’est d’ailleurs en ce sens que devrait se développer le projet pour la scène. Si il y en a... En tout cas, c’est ce vers quoi je tends et me débrouille pour mener cela à bien.
Je cherche l’intrigue entre une voix, le son et l’image. Ca me préoccupe.
Puis, je ne suis pas sûr non plus que de chanter eut été heureux...

3. Il y a un côté hermaphrodite dans votre formation, timbre de voix grave d’homme, nom de groupe féminin et choeurs de filles. C’est cela votre identité textuelle et musicale ?

C’est en tout cas celle que je cherchais à interroger. Où, plus précisément celle que j’ai découvert ou su faire entendre...Ou ce qu’il en ressort. Je ne sais pas trop mais c’est forcément de l’ordre de l’autoportrait. Une photo qui m’était nécessaire... Histoire de me rassembler un peu. De voir où j’en étais. Si,...j’étais ?!?

4. Ca vous énerve si je vous dit qu’il y a un côté joliment fin de siècle comme on pouvait le trouver dans l’album "Présence humaine" de Houellebecq chez Tricatel ?

Je n’ai pas écouté cet album. Merci, je cherchais "un truc" justement. Quelque chose qui me vienne d’ailleurs. Sinon, non. Ca ne m’énerve pas. Fin de siècle... J’entends par là, ce qui pourrait s’approcher des inquiètudes ou angoisses ressenties à la fin de cycles. Fin de siècles, fin de millénaires et autant de peurs que de voeux lors d’une nouvelle année.... J’y vois un parallèle de ce à quoi on aspire. Ce qui nous manque... Et il me semble qu’aujourd’hui on peut littéralement aspirer à autre chose qu’au manque d’air du quotidien de chacun... Non ?

5. De quelle famille musicale vous sentez-vous proche ?

Je suis toujours heureux de me dire que la prochaine tournée de Blonde redhead ne saurait tarder. Un peu abattu d’apprendre qu’il n’y en aura plus de 16 horsepower... J’aime bien l’idée de me rouler par terre en écoutant un pixies ! De me ballader dans mon fauteuil en écoutant tinderstick ou à genoux devant real gone de Tom Waits. Je m’électrise aux souvenirs des concerts de chokebore. Ce sont eux que je vois en écoutant leurs disques. Regarder un film en écoutant rocky des married Monk ! D’une humeur monstrueuse en écoutant un certain Diabologum. Pas envie de parler si il y a Betsch à écouter. Mon intimité avec N.D. Moi et low et le monde autour, loin là bas...Et revenir avec St Thomas. J’adore ca, St Thomas ! ... Je le dis souvent mais, je préfère toujours ce que j’écoute à l’instant où je l’écoute...

6. Présentez-nous ceux qui se cachent sous la bannière énigmatique de Sarapascal ?

Moi, face à moi... C’était un peu le deal...

7. J’aime particulièrement le morceau "Love" où il est dit que ce mot ne s’écrit jamais au pluriel, comment définir au juste la patte "Sarapascal" ?

Un singulier pluriel...

8. Comment vous sentez-vous sur la scène musicale lilloise ?

Quelque part dans sa multitude d’apparitions et de disparitions, de genres et de styles aussi variés qu’avariés... J’ai beaucoup de plaisirs à voir un groupe comme Gomm ne pas se perdre. D’avoir fait sans attendre "les autres". Aujourd’hui, ce sont ces mêmes "autres" qui font avec...

9. Que peut-on vous souhaiter pour la suite ?

Une suite, c’est pas mal déjà. Non ?

10. Par quoi voulez-vous terminer cette interview ?

Pourquoi ? Il n’y a plus de questions, déjà ?


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