Réflexions sur Limited Access , le nouveau Journal à Johnny Hallyday

Réflexions sur Limited Access , le nouveau Journal à Johnny Hallyday

Dans un langage obscur d’homme cultivé, ce que vient d’entreprendre notre Jean-Philippe Smet national s’appelle du publi-reportage : c’est à dire de la publicité mis sous une forme journalistique pour faire croire au chaland que rien ne s’achète mais tout se gagne. Communiquons donc autrement à 7,90 euros le numéros.

Et c’est là qu’on a beau rire de lui, on l’a bel et bien dans le cul. Certes Johnny parle mal, s’exprime mal, chante mal mais il en a sous le capot pour se faire du fric a moins que ses conseillers en communications soient les meilleurs du monde, dans tous les cas : c’est maximum profit pour ce rocker charismatique de Dunkerque à Marseille (Dans la banlieue de Bruxelles on a perdu la trace de sa notoriété). En effet, sortir en kiosque un magasine publicitaire que l’on fait payer au lecteur c’est déjà « chapeau bas » aux portes du pénitencier.

Après la campagne de publicité horrible d’Optic 2000 (arriveront ils avec une mise en valeur si lamentable à vendre des paires de binocles ?) ou le rêve du yacht, de la femme d’action et du réalisateur Godardien qu’est le chanteur de tous les français prouve à quel point en publicité on est prêt à baisser ses yeux pour garnir d’or ses couilles, après la vente aux enchères publiques d’une adoptions sous 50 pages dans un magazine d’actualité qui perd son sens, voici le propre journal de Jojo.

Reprenant en main son merchandising et ses produits dérivés afin de satisfaire en version officiel ses admirateurs mais officieusement pour garnir son compte en banque que l’on dit à sec, le directeur de la publication (ne riez pas ! je vous en conjure) Hallyday passe en revue sur 56 pages ses goûts pour se fournir en dividendes.

Tout ce que vous avez voulu savoir sans jamais oser le demander : ce sera là et pas ailleurs ! vous aurez même l’occasion d’acheter (car tout se monnaie) un débardeur fabriqué et vendu 1 euros en Thaïlande avec la valorisation poitrinaire d’un sticker proclamant la prochaine tournée de 2006, qui fera passer le produit à plus de 30 euros.

On nous en promet du grand, du beau, du fun... des articles de fonds même ! « Comment Johnny se réveille le matin », « De quel manière il mange un steak sans les mains », une introspection totale et une mise en abîme qui fait peur : « Mon chien a des tiques j’ai réussit à les lui enlever ». Vous pensez qu’un bimensuel il faut absolument le remplir.

Dans ce premier numéros de « Limited Access » (pour faire States, Harley et route 66) on entre dans le clan très fermé de la Johnny compagnie. En premier lieux, un petit sondage ou comme par hasard Johnny est une star parmi les stars : 50 % des français voient en lui un pilier de la chanson française (je savais l’infrastructure musicale bleu blanc rouge malade voici que les fondations s’ébrèchent inexorablement). Et l’on poursuit avec les disques que Johnny aime, les jeux vidéo que Johnny aime, les livres que Johnny aime (pardon là je me suis trompé : il n’y a pas cette rubrique !)

Dans tout bon club fermé on ne laisse rentrer que les amis. Sélectionnés sur le volet. Trié dans le haut du panier : les premières à essuyer les plâtres sont : Laurie et Mathilde Seigner. Il en fallait pas moins pour faire exulter la vox-populi. Ces deux là plus notre représentant en lorgnettes de soleil et c’est les délices de Capoue, la fête aux NRJ Music Awards, c’est bien avidement une véritable Positive Attitude qui nous fera regretter qu’avant de chercher à se faire un nom dans les petits papiers des kiosques, Johnny n’est pas essayé de se placer comme ministre de la culture.

A la signature : que des pointures : Véronique (sans Davina) pour la rubrique beauté, Clelia Ventura pour le cinéma et l’on nous promet pour le n°2 une rubrique tendance et cuisine co-écrite par Laeticia et son nègre. Bien sur une longue plage sera offerte aux admirateurs, aux fans eux-mêmes, on est jamais si bien servi que par ses saints. Dans le numéros 3 on cherchera à comprendre comment Marcel de Lens (62), Rmiste, sosie officiel du Pas de Calais de Johnny est arrivé à se débrouiller pour faire un crédit Sofinco afin de s’acheter l’intégral du chanteur à Noël et priver sa femme d’un cadeau et son fils de classe de neige.

Heureusement pour lui, déjà membre du « Club Johnny » comme on pourrait dire « Club Mickey », Marcel comme 20 000 adhérents n’auront pas à débourser la somme pour compulser la bible de leur maître car il est offert gracieusement aux membres de sa collectivité (moyennant un droit de carte de 40 euros : on a rien sans rien).

L’autre « génie » musical français électrifié s’y était collé en son temps. « Rien ne se perd, rien ne se gagne tout se transforme » disait Pascal Sevran dans un show case sur le Queen Elisabeth II. L’argent n’a peut être pas d’odeur mais mes mains puent la merde.

Alors Jo, toi qui a un sens de l’humour irréprochable, si tu cherches un chroniqueur zélé pour contrebalancer le service de soupe tiède, je veux bien venir faire un tour dans ton mag’ pour faire robinet d’eau chaude.