Interview : Louis Ville

Interview : Louis Ville

Une formidable voix cassée, un beau physique ténébreux et beaucoup de présence scénique, voilà comment on pourrait résumer une prestation musicale de Louis Ville.
Louis Ville fait vibrer un timbre de voix, une tessiture tout à fait exceptionnelle qu’il vaut mieux écouter que commenter. Voilà un véritable OVNI (Objet Vocal Non Identifié) qui fait du Rock comme il respire. (et quel coffre !)
Rencontre avec l’Artiste au coeur de la ville.

« Louis Ville » c’est un homme ou un groupe ?

C’est mon nom, et, depuis le temps que nous jouons ensemble mes amis et moi, il est difficile de les dissocier du tout.

Quel est ton parcours de saltimbanque de la Musique ?

À l’âge de 15 ans, 1ère guitare pour la drague, puis on s’aperçoit que c’est passionnant, on y prend goût...
Ensuite viennent les groupes professionnels, je suis passé du jazz rock au punk, puis du rock british à la chanson rock, le tout en quelque vingt ans.

Au bout de 2 albums que reste t’il à dire ?

Tout et rien, je fonctionne à l’épiderme, si quelque chose me touche, directement ou pas, et que je me sens capable d’en parler, je m’y essaie.
Quant à l’inspiration, je la sais souvent bien cachée mais je ne désespère pas, c’est sûr qu’elle reviendra tôt ou tard.

Dans quel climat s’oriente ton prochain album qui sortira en avril 2005 ?

Plus gymnaste qu’à l’accoutumée.
Je m’explique vite fait, rien de monotone, nous irons de la ballade la plus dépouillée à un rock punk d’une violence extrême.

Si tu devais en tirer un refrain ou un couplet représentatif en avant première, tu choisirais lequel ?

ELLE ME DIT, QU’ELLE AIME MOI
MOI JE DIS, C’EST BIEN BEAU TOUT çA
(ELLE DIT)
QU’ELLE ME COMPREND,
LES MOTS D’AMOUR
EN RUSSE, EN ITALIEN, EN JAVANAIS
SONT COMME LE LAIT QU’ON BOIT
À MOSCOU OU AILLEURS

AH LA LA LA LA LA L’AMOUR

Est-ce dur de trouver une maison de disque « amie » pour continuer son métier ?

JE ne cherche pas à priori une maison de disque, plutôt une licence pour la distribution du prochain album et pourquoi pas des deux précédents.

Arrives-tu à vivre de la musique ?

Plus ou moins, mais la sauce que nous prépare Seillière, le frère Sarko et la droite en général me fait présager des jours assez sombres pour nombre d’entre-nous.

La Goutte de Louis sert-elle à remplir la grande rivière des Incompris ?

Elle sert pour qui veut, à ce qu’il veut, je ne m’adresse pas à un type de personne en particulier, je donne, prend qui en a envie, qui comprend et qui se retrouve dans mes histoires...

Est-ce que les hôtels te font toujours un aussi bon accueil depuis ta chanson « Hôtel Pourri » ?

Y’a un Hôtel magnifique dans une bourgade du Sud (Draguignan), j’ai depuis vécu d’autres cauchemars en hôtel, mais pas de cette sorte.
En règle générale, ça va mieux pour eux comme pour moi.

Ta voix du jour n’est pas celle de la nuit proche du micro, d’où vient cette métamorphose vocale ?

Dès que je pousse ma voix, elle casse.
Sur certaines chansons très softs, j’arrive à tenir la voix du jour si je ne m’excite pas, mais dès que les propos m’entraînent loin, c’est fini, ça sature.
Il y a aussi une grosse différence entre tes disques et tes prestations scéniques (plus électrique), est ce quelque chose que tu t’imposes ou serais tu tenté de le gommer pour l’avenir et faire des prises live en studio ?
Le studio et la scène, deux mondes qui pour moi sont totalement différents, et il m’est difficile de concevoir un album purement live en studio.
EN studio, je m’aventure, envie d’entendre un violon, et hop, magie, il est là.
La scène, c’est l’émotion brute, le jour où l’argent coulera à flot, rien ne m’empêche d’embaucher des musiciens supplémentaires, mais pour l’instant, je respecte trop le travail d’autrui pour demander à quelqu’un de venir jouer pour rien.

Comment fait-on pour ne pas sombrer dans la déprime après un concert ?

Ca fait partie du jeu, après un plaisir immense, le nuage perce et le temps que les gouttes tombent à terre, on endure la détresse et la solitude.
Tout dépende des endroits où l’on joue aussi.

Où pourra-t’on te voir prochainement ?

En Lorraine, à Charleroi (Belgique), aux Chorus de Hauts de Seine, dans le centre ouest, très certainement à Paris, à Saint Etienne, etc.

Qu’est ce que ce spectacle « Montreur d’Ours » que tu fais avec Zézé Mago et le Petit Jésus ?

C’est un spectacle dans lequel chaque artiste, s’il en a envie, se greffe sur le répertoire des autres, musicalement vocalement ou autre, c’est selon.
EN plus de ça, nous avons composé des morceaux spécialement pour ce spectacle, et dans ce cas, nous sommes huit sur scène, quelques reprises aussi ont été réarrangées pour l’occasion.
Le maître mot de ce « show » est : GÉNÉROSITÉ
IL est un peu lourd à mettre en place, nous sommes dix avec les techniciens, ce qui implique des frais, un espace scénique suffisant, et plein de petits détails qui rebutent facilement les programmateurs.
Mais, de l’avis de toutes les personnes qui y ont assisté, c’est un grand moment de bonheur.

Quand on te compare (comme je l’ai fait) à des artistes prestigieux en oubliant de parler de ton propre univers, cela te fait quoi ?
On s’habitue à ne plus s’offusquer, l’essentiel étant que l’on parle de vous.
Après, c’est certain que je préfère que l’on prenne le temps de décrire mon univers, à chaque fois, c’est une autre sensibilité qui parle, on découvre ce que l’on suscite aux autres.

D’ailleurs on oublie généralement de te demander par qui tu as pu être influencé ?

Tout le monde et personne, je suis comme une éponge, mais floue, rien de précis, ma digestion doit être longue.

Sarkozy est invité chez Fogiel qui lui sert la soupe, la baronne Chirac est invitée chez Drucker qui lui sert d’oseille, ou pourrait bien aller Louis Ville pour discuter ?

On a le droit de faire ce que l’on veut ?
Ni l’un ni l’autre je ne sais pas si la ménagère aurait envie d’entendre des propos orduriers à l’encontre de ces nouveaux « napoléons ».

Sur le forum du Mague concernant l’article suite à ton passage au Biplan, un monsieur a laissé un message très émouvant, que lui répondrais-tu ?

Merci, du fond du cœur.

Qui serais-tu prêt à reprendre dans ton répertoire pour sauver ta peau d’artiste ?

Brel, Ferré, mais pas Bruel, ni Garou, ni..., ni..., bref, pas grand monde.

Est-ce qu’être chanteur c’est un métier sérieux ?

Ça se saurait.
Oui et non, il faut être professionnel dans son approche du travail, mais ne jamais perdre de vue que c’est un cadeau tombé d’on ne sait où.
On doit faire croire que ce n’est pas sérieux, ne pas se prendre au sérieux, et être sérieux, étonnant non ?