Cecilia Jauniau, Rue Haxo, Galerie Rachel Hardouin

Cecilia Jauniau, Rue Haxo, Galerie Rachel Hardouin

Cécilia Jauniau à la Galerie Rachel Hardouin au 15 rue Martel. Rue Haxo. Paris 10. Un voyage au cœur de intime d’une femme dans une pudeur impudique parfaitement maîtrisée. Le titre de l’exposition est le nom d’une rue mais c’est l’imaginaire fantasmatique d’une femme qu’on visite, en détails. Entre dessins, photos et collages, Cécilia Jauniau se raconte, met en scène la cosmogonie du rapport au corps, au désir, au monde et à son origine.

Entre des dessins/gravures qui font le lien entre l’architecture de l’intime et le végétal, des close up de photos de l’origine du monde, celui de Cécilia duquel s’exprime un sentiment d’art, de sérénité et d’assumation d’un corps ou de ses blasons qui sont les morceaux du puzzle d’une histoire complexe mais pas compliquée. Il y a aussi des collages en forme d’iconographie où parfois l’artiste se mêle à d’autres corps ou histoires. Il y a la volonté de s’inscrire dans une histoire de l’Art.

Une vidéo brute et puissante avec une musique très réussie rajoute au trouble, aux questionnements, nous invite à parcourir ses œuvres avec une belle distance proximité. Il n’y a aucune exhibition sexuelle, il n’y a aucune provocation dans cette exposition, il y a le regard pertinent d’une artiste intellectuelle et charnelle à la fois qui questionne l’identité. La sienne un peu, et celle du monde beaucoup.

C’est noble, c’est précieux et délicat comme de la couture sur corps et ça force le respect et l’admiration. C’est un travail qui n’a pas le désir de plaire ou de séduire, qui est délivré du narcissisme, de l’ego.

Une grande puissance se dégage de ces portraits sans visages où les inserts décrivent un monde parallèle, un univers où les parties intimes deviennent l’épicentre du propos et sa force propre et référentielle.

Se dégage de l’ensemble, une certaine froideur propice à une vision chirurgicale dénuée de sentiments bas qui permet une mise en scène implacable qui touche à la vérité sans maquillage. Pas de filtres, pas de sublimation, juste une réalité inattaquable qui se place au dessus du jugement pauvre ou moralisateur.

On est simplement dans l’expression sans compromis ni faux semblants d’une artiste à part entière qui pense avec son esprit et son corps. Pas de souffrance, ni du stigmate. Mais du beau, du brut, de l’unique qui touche l’universalité de l’Art. Tout donne du sens, tout est écriture unique et indélébile au coeur même de la profondeur de la peau.

A voir absolument jusqu’au 27 avril.